ART&FACTS

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ART&FACTS

Expositions de gravures, dessins et autres artefacts.
Du 9 au 19 avril 2015
à l’association pour l’estampe et l’art populaire,
49bis rue des Cascades, 75020 Paris
www.estampe-artpopulaire.com

 

Au début du 3e millénaire, la Société Savante s’établit au 49 bis rue des Cascades, en un lieu à l’aura exceptionnelle
et fort propice à la poursuite de l’étude des artefacts découverts lors de sa dernière expédition. À leur insu, les chercheurs
devenaient les fondateurs du célèbre mouvement «Art & Facts» : la transfiguration du phénomène de nature anthropique (ou artefact)
en objet de nature artistique par son observation et la déduction analytique fantasque de sa fonction sociale et culturelle.

ART&FACTS : Quatrième expédition de la Société Savante, 2015

Au terme de l’exposition ARTEFACT, deux grands esprits, Kristin Meller et Raoul Velasco, tous deux bienveillants à l’égard des analyses fantasques de nos héros et vaillants défenseurs de la créativité débridée, offrirent avec générosité aux membres de la Société Savante de venir en leur locaux pour continuer et exposer leur grand œuvre. Il s’agissait donc pour nos explorateurs hors-pair, de se rendre du 36 rue Quincampoix (Paris, 4e) au
49 bis rue des Cascades (Paris, 20e).

La dernière trace tangible des chercheurs parvint à Kristin et Raoul 4 mois plus tard, sous la forme d’une carte postale datée du 8 octobre 2014, portant le cachet de la poste du jardin botanique de Kandawgyi, au coeur de Yangon, anciennement Rangoun, et portant l’inscription au dos : « On arrive. On a pris la mauvaise correspondance à Châtelet. Bisous. La Société Savante»
Raoul et Kristin, patients, attendaient le retour des explorateurs perdus.

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Meanwhile in Rangoun…
Le débat faisait rage au sein de la Société Savante et les avis divergeaient quant à savoir si la raison du dysfonctionnement indéniable de leur GPS (Globe de positionnement systématique) était imputable à l’humidité ambiante, à la chaleur ou à un karma exécrable. Devant l’insistance de la Commandeure des Services Distingués, il fut néanmoins décidé d’effectuer une séance de spiritisme afin de tenter une prise de contact avec
le Cloud pour mettre à jour l’appareil défectueux. Les explorateurs firent appel aux services d’un médium local
affublé d’un nom imprononçable Tcp’ip et suivirent scrupuleusement le protocole d’incantation.

C’est d’abord une étrange odeur de souffre et d’oignon qui frappa les narines de nos aventuriers. Puis un nom sortit du Cloud : un certain TOR venait de prendre contact avec eux et leur offrait un accès sécurisé et anonyme. A peine eurent-ils le temps de formuler leur demande que nos chercheurs étaient aspirés et entraînés dans les méandres du Darknet. Quelque peu décontenancés par cette expérience de dématérialisation, ils n’en étaient pas moins conscients de tenir là une fantastique opportunité d’études en ce nouvel univers. Pour autant, il leur fallait trouver un moyen d’en sortir. L’arborescence étant vertigineuse et les chemins innombrables, ils décidèrent, sur une proposition du Dr Parrat, adoptée à la majorité moins une, de naviguer en prenant systématiquement le troisième lien horizontal en partant de la gauche à chaque nouvel embranchement, dans l’idée que cela mènerait forcément quelque part.

Ils traversèrent des univers emplis de créatures extrêmement dénudées et faméliques aux positions étranges et peu naturelles. Ils virent des quantités d’informations et d’images incommensurables passer comme des comètes à un rythme infernal, ce qui frappa particulièrement l’imagination du Dr Parrat. La Commandeure Vuillermoz, quant à elle, en profita pour entrer en contact direct avec de nouvelles personnalités cloudiennes, aux propos très radicaux. L’enthousiasme battait son plein.

C’est au bout de la 8e semaine qu’un sentiment d’angoisse monta dans la barque des aventuriers, à la suite d’une remarque apparemment anodine du Dr Parrat : « On est déjà passés par là.» Meister Jattiot et la Commandeure Vuillermoz levèrent les yeux pour déchiffrer le localisateur uniforme de ressource (le nom du lieu): « Erreur 404, cette page n’existe pas ». L’ampleur de la gravité devint évident. Non seulement nos héros tournaient en rond, mais étant donné qu’il est déjà assez peu probable de se trouver en un lieu qui n’existe pas, la possibilité que quiconque les retrouve devenait de facto totalement nulle, puisqu’ils étaient sur une page introuvable. Pris de vertige, puis de panique, ils se précipitèrent sur le premier lien venu et se mirent à naviguer de manière frénétique et totalement erratique. On ne sait trop comment ils finirent par atterrir, quasiment morts de fatigue sur www.citation-celebre.com, où John Ruskin, célèbre membre et théoricien du mouvement Arts & Crafts, leur livra son aphorisme, qui prit pour eux la forme d’un oracle : « Vivre sans but, c’est naviguer sans boussole. »

C’est précisément à ce moment que Kristin Meller, sans nouvelle des chercheurs depuis des mois, appela très opportunément la Commandeure Vuillermoz sur son téléphone intelligent pour lui rappeler qu’il fallait préparer le visuel pour l’invitation de l’exposition. Le résultat fut aussi saisissant qu’immédiat, l’engin omniscient, au navigateur peu sécurisé, géolocalisa la totalité des intervenants, y compris les destinataires en copies des mails du mois de septembre de l’Association pour l’Estampe et l’art populaire, et rematérialisa les membres de la Société Savante au 49 bis rue des Cascades.

Forts de leur périple dans le Darknet, les membres de la Société Savante purent finaliser leurs travaux et les présenter avec fierté le 9 avril 2015.

 

VANITY REMAINS par Meisterin Julienne Jattiot

 

Parmi les artefacts présents sur le site, Meisterin Julienne Jattiot trouva des bribes de manuscrits enluminés et illustrés dʼétranges figures faméliques voir squelettiques mais très richement parées. Les pages ayant été sévèrement abimées par le gel et déchirées en maints endroits, il fut impossible de reconstituer lʼensemble dʼun manuscrit. Elle put cependant déchiffrer partiellement le titre dʼune des pages : VANIT… Le reste était malheureusement illisible. De par sa capacité de déduction hors du commun, elle fit immédiatement le rapport avec les représentation de vanités très en vogue au XVIIe siècle. La particularité des sujets représentés résidait par ailleurs en ceci quʼils évoquaient de grandes similitudes avec lʼiconographie des danses macabres, mais que tout dans la composition de lʼoeuvre et les riches attributs ornant les sujets indiquait une sorte dʼadoration béate, voir une aspiration à une forme perverse de perfection, symbolisée par ses corps décharnés. Fascinée par cette pulsion morbide et sa concrétisation dans lʼadoration iconographique du macabre, elle entreprit un long et fastidieux travail de restauration et de reconstitution afin de livrer quelques-unes de ses étonnantes gravures à lʼobservation du public.

Pour consulter toutes les oeuvres de Meisterin Julienne Jattiot ou les acquérir, suivez ce lien. Ou celui-ci.

 

LA VISION DU DR DAVID PARRAT

 

Récit relaté lors de la conférence du 9 avril 2015 : Aspiré dans ce dédale d’informations, nous nous sommes retrouvés face à un défilement infini de données. Je dois avouer que je me suis senti un peu désemparé devant ce déroulement incessant d’images. Elles passaient devant mes yeux. De plus en plus vite. Toujours plus vite. Beaucoup plus vite. Vite vite vite! Toutes ces images, se succédant sans relâche, eurent un effet stroboscopique sur ma personne et me provoquèrent une crise d’épilepsie. Ceci conduisit à un phénomène de synesthésie et je tombai dans une transe de l’ordre de la vision chamanique, phénomène dont je suis relativement coutumier. D’habitude après une ou deux bonnes rasades de ma limonade maison… Mais passons!
Je revu alors tous nos ancêtres qui subirent une catastrophe naturelle et furent sur le point d’être rayés de la surface du globe, tels que je les avais représentés dans la nécropole quincampoise. A ceci s’ajoutèrent un voyage dans des lieux où se trouvaient entassés tous les ossements de nos ancêtres, principalement leurs crânes, tel un monument funéraire à la mémoire des disparus de cette époque troublée. Il me parut évident de recomposer ces lieux de culte, tout en les recontextualisant dans leur époque.
Ces rites funéraires et sacrés m’apparurent au détour d’un effet stroboscopique tel un message subliminal et je fus alors convaincu que mon devoir de scientifique était de vous transmettre ce que nos ancêtres avaient dissimulés dans le darkcloud. Il ne fait aucun doute que tout ceci nous est adressé, à nous et aux générations futures…

Pour consulter les oeuvres du Dr David Parrat, suivez ce lien.

 

LE CARDONOTYPE par Aurélia Vuillermoz, Commandeure des Services Distingués